Les démocraties sous tension

En principe c'est un système idéal. Abraham Lincoln en 1809 aux E.U. en avait édicté les règles " la démocratie, c'est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple". Les citoyens élisent en toute liberté, ceux qui seront chargés de les représenter pour gouverner un pays, pendant la durée d'un mandat.

Or, la difficulté a toujours été de concilier la diversité des opinions exprimés par le vote, avec les abstentions et l'unité de direction indispensable à l'exercice du pouvoir.

On le voit bien actuellement, en Italie, aux E.U. et presque dans toutes les vieilles démocraties européennes dont la France.

La France longtemps modèle de démocratie dans le monde avait cru trouver la solution miracle après les déboires de la 4ème République, en instituant le scrutin majoritaire qui permettait au Gouvernement désigné la possibilité de diriger le pays en appliquant la politique qu'il avait décidée. Sauf que actuellement, sans majorité absolue, alors que en France la culture du compromis n'existe pas, le gouvernement faute de soutien est obligé de recourir au fameux article de la Constitution, le 49/3 qui permet de s'affranchir des débats parlementaires et d'appliquer la politique qu'il a décidé.

On le voit, c'est l'articulation entre "le demos" - du peuple, et le "cratos" - du pouvoir, qui est difficile à trouver, car il n'y a pas de parfait et stable équilibre entre ces deux tendances. Exprimer par des actes la volonté de tout un peuple et le diriger requiert toujours des choix et de l'autorité.

C'est une des grandes faiblesses de nos démocraties dans l'obligation de naviguer en permanence entre l'autoritarisme et l'impuissance.

Or, les partis politiques d'opposition, ceux qui ne gouvernent pas, se cantonnent trop souvent dans des obstructions stériles de retardement à coup d'amendements qui n'apportent rien, en faisant des promesses mirifiques qu'ils ne sont pas en mesure de tenir, mais qui sèment le doute dans une opinion toujours trop vénale, au lieu de proposer la politique de substitution qui leur permettrait de revenir au pouvoir.

Le populisme a de beaux jours devant lui, car il fait le lit des régimes autoritaires qui fleurissent partout dans le monde en bafouant les principes élémentaires de la démocratie que, pourtant, unanimement nous prétendons tous défendre.

La débauche des flux d'informations, leur instantanéité, font des citoyens des juges permanents de l'action politique, radicalisant les opinions et accréditant l'idée que l'on peut obtenir, tout, vite et tout de suite.

Etienne Remaud,