Le travail : une valeur en baisse

Il y aurait de plus en plus de français qui n'auraient plus envie de travailler, ils n'en ont plus le goût, l'oisiveté obligatoire et rémunérée  que la crise sanitaire a provoqué a précipité cette démotivation, alors que paradoxalement, subsiste un chômage endémique et que ne nombreux emplois ne sont pas pourvus.

Sans contestation possible, les amortisseurs sociaux mis en place par le Gouvernement pour atténuer les effets de la crise sanitaire, pourtant nécessaires, ont eu cet effet pervers. Le Point du 17/06/21 nous dit " Les longs mois d'inactivité forcée ont favorisé des réflexions plus larges sur le sens qu'il y avait à perdre sa vie à la gagner".

Car, si tous les pays ont cherché à atténuer la crise du Covid 19, ils ne l'ont pas fait de la même manière; en France on a privilégié les aides aux salariés en élargissant les accès aux indemnités de chômage, tandis qu'en Allemagne ce sont les entreprises qui ont bénéficié du large soutien de l'Etat. En France, l'indemnisation de chômage représentait 84 % du salaire net, 100 % pour les salaires du niveau du SMIC, alors, qu'en Allemagne par exemple, seulement 60 % et 67% pour les ménages avec enfants...

Ce n'est évidemment pas la même philosophie qui a déterminé ce choix. Or, les effets de la politique de la "nounou française" sur l'état d'esprit de certains salariés va s'en ressentir longtemps. Elle a même induit dans certaines couches de notre société un irresponsabilité collective qui fait croire que l'on peut vivre sans travailler, que l'argent qui tombe du ciel est là et qu'il suffit d'en profiter.

La casse sociale a été préservée, puisque même dans les catégories de ménages les plus modestes on a réussi à économiser. 

Le Conseil d'Etat vient de retoquer la Réforme du chômage non pas sur le fond, mais, estimant que ce n'était pas le moment ! Les "Sages" ont sans doute raison, mais leur décision fait perdurer une situation qui risque de pénaliser sérieusement la reprise économique française.

Jean Claude Kaufmann, le sociologue, pense lui que le problème est beaucoup plus grave " Si l'affaiblissement économique a été évité, c'est l'effondrement mental qui menace" On ne se déplace même plus pour voter !

Et, pendant ce temps, des chefs d'entreprises peinent à recruter. Un paradoxe très français, insupportable mais pas très porteur électoralement, ce qui explique le silence assourdissant de tous nos politiciens sur ce sujet...

Au delà de l'aspect conjoncturel des effets pervers de la crise sanitaire, il faut bien admettre que pour beaucoup  de nos concitoyens, le travail n'est plus une valeur fondamentale constitutive de la réalisation de soi et de sa contribution personnelle à la vie de la collectivité. Des économistes de renom estiment même que nous nous acheminons petit à petit vers la fin prochaine du travail ? L'extension du RSA vers un revenu universel de subsistance en serait le signe précurseur.

Personnellement, je pense que la productivité aidant, le temps et la forme du travail évolueront, de même que la production de richesses qui devra trouver d'autres sources que le travail...Nous n'y sommes pas encore.

Etienne Remaud,