L'art et la manière de dire la politique

Laurent Wauquiez après bien d'autres vient de l'apprendre à ses dépens, pris en faute comme un enfant de chœur qui goûte le vin de messe dans la sacristie. Sarkozy, mis en cause, lui aurait recommandé de changer de métier.( sic)

Autrefois, on disait, "les paroles s'envolent, les écrit restent", ce n'est plus vrai aujourd'hui avec les moyens d'enregistrement dont chacun dispose, et, "il vaut mieux tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler" quand on est un homme public, même devant ses amis, car tout ce qui est écrit ou dit laisse une trace susceptible d'être utilisée contre vous, bien des années après.

La preuve, un obscur et jeune Secrétaire d'Etat a été dans l'obligation de démissionner pour avoir tenu des propos antisémites il y a quelques années, dans une enceinte d'étudiants où la retenue et la sobriété ne sont généralement pas la règle.

De même, F.Hollande, qui voulait être un Président normal après les promesses sur la baisse du chômage toujours réaffirmée et toujours repoussée a fini par lasser les français ce qui  l' a conduit à rendre son tablier...

L'art et la manière de dire la politique d'E Macron tranche avec celle de son prédécesseur, mais aussi des autres...Souvenez vous des reproches que les médias faisaient au candidat Macron qui refusait de dévoiler dans le détail son programme de gouvernement, restant au niveau des intentions, pour ne pas faire de promesses qu'il ne pourrait tenir...

Il suffit, aujourd'hui d'observer la dialectique particulière utilisée, maîtrisant la communication officielle, ne laissant aux médias que les commentaires de la pensée présidentielle, au grand désarroi de ses interlocuteurs. Si la philosophie imprègne sa pensée politique et son action, elle dépend évidemment de sa formation et surtout ( il le dit lui même) de l'influence de Paul Ricoeur, philosophe protestant, mort en 2005, dont il fut l'assistant éditorial pendant ses études à Sciences Po Paris. Son discours, que certains jugent ,hypocrite, tortueux, pas clair, s'inscrit dans une articulation que Paul Ricoeur appelait "l'éthique de responsabilité et l'éthique de conviction", en introduisant une tension entre deux énoncés apparemment incompatibles.

C'est ainsi que sa volonté de n'être, ni de droite, ni de gauche, mais en même temps l'un et l'autre, non pas pour les détruire comme beaucoup le pensent, mais pour les faire dialoguer pour en retirer ce qu'il y a de plus fécond...Et, l'on pourrait multiplier les exemples, à propos de l'identité nationale, de l'immigration, de la culture "française", et au début de son mandat ses propos sur la colonisation de l'Algérie par la France qui avaient fait tant de bruit...et semé tant d'incompréhensions.

C'est une forme de pensée, complexe, riche, fruit d'une intelligence rare qui peut s'il n'y prend garde l'éloigner de l'opinion publique, en apparaissant proche de la suffisance...

"Je suis le fruit d'une forme de brutalité de l'histoire, une effraction, parce que la France était malheureuse, si j'oublie cela, ce sera le début de l'épreuve" a déclaré récemment E Macron

Et lucide, en plus...

Etienne Remaud,