Le travail et les jeunes !

Méfions nous des apparences, le rapport des jeunes avec "le travail" n'est pas celui que nous croyons, le dilettantisme que nous leur reprochons quelquefois n'est pas la réalité.

Dans son discours de politique générale, il y a quelques mois, Gabriel Attal avait notamment déclaré qu'il voulait libérer le travail, libérer les entreprises, simplifiés les procédures. "Le travail y était glorifié, les inactifs pourfendus, les "trappes à l'inactivité" pourchassées" .sic

Un discours qui caressait l'opinion de droite dans le sens du poil, irritant la gauche et les syndicats, en privilégiant les valeurs. traditionnelles du travail. Un travail qui a bien changé au fil du temps, avec la mécanisation, la réduction de sa durée, le développement du numérique, et l'intellectualisation des tâches qui en résulte...

Le travail ne peut plus être pensé comme un état que l'on endossait le matin en allant "au turbin" et que l'on laissait la journée finie dans le vestiaire... Le travail se définit de moins en moins par une grille de classification, avec une définition précise du métier, issue d'une pointilleuse Convention Collective, donnant la part belle à l'ancienneté, gage d'une stabilité dans l'entreprise.

Aujourd'hui, notamment chez les jeunes, l'emploi à vie dans une entreprise (sauf pour les fonctionnaires) n'est pas forcément un objectif, certains préférant les contrats précaires qui laissent de la place au temps libre, la démission d'une entreprise n'étant pas considérée comme un échec, mais au contraire un signe de dynamisme pour exercer des fonctions nouvelles et mieux rémunérées.

C'est évidemment dans la génération des moins de trente ans, chez ceux ayant fait des études , que l'on trouve le plus fréquemment ces comportements, où le "travail" n'apparait plus plus comme l'élément central de l'existence.

Mais il ne faut pas se tromper dans l'analyse, car cela ne signifie pas que les jeunes trentenaires d'aujourd'hui aiment moins "le travail" que leurs aînés, toutes les enquêtes le confirment. ce qui change fondamentalement c'est leur rapport " avec la valeur travail " et leur rapport "avec l'entreprise".

Avec le développement de l'informatique, d'internet, du télé travail, bientôt l'intrusion de l'Intelligence Artificielle (IA) c'est toute la personne qui est sollicitée, pas seulement son habileté ou sa force physique, et qui parfois se prolonge jusque dans la sphère privée...

Mais en contrepartie de ces changements qui font plus appel à l'autonomie, à la créativité, au travail en projets, les exigences vis à vis de l'entreprise ont aussi beaucoup évolué. 65 % d'entre eux déclarent qu'ils sont prêts à quitter l'entreprise quand l'occasion se présentera si celle ci ne correspond plus à  leurs attentes, dans la forme du  management, les conditions de travail ou encore le non respect des valeurs éthiques comme celles de l'environnement...

Mes petits enfants, tous engagés récemment dans la vie professionnelle après leurs études et avec qui je m'entretiens  régulièrement s'inscrivent dans ces nouveaux profils. Ils aiment leur travail, sauf que ce n'est plus tout à fait le même que celui de leurs aînés, et, que les entreprises doivent offrir un nouveau visage.

Etienne Remaud,