Suite Le juste prix 2

Le Juste prix, voilà bien une question d'économie et de théologie qui hante nos chercheurs et penseurs depuis l'antiquité, sans trouver de réponse satisfaisante.

Dans l'histoire de la pensée économique, j'ai noté quelques grandes réflexions, connues ou moins connues qui montrent l'évolution permanente de ce concept, et tracé des évolutions possibles.

- Aristote, puis Thomas d'Aquin s'interrogeaient déjà sur le juste prix, en distinguant : la justice distributive : à chacun son dû, ce qui lui revient, en fonction de ses mérites et la justice commutative : qui consiste à distribuer de manière égalitaire à tous.

- Adam Smith dès la fin du 18 ème siècle distinguait la valeur d'usage et la valeur d'échange ( le fameux paradoxe entre l'eau et le diamant). L'eau est utile et peu chère, le diamant est inutile et très cher.

- Ricardo au 18 ème siècle et surtout Marx au 19ème siècle précisaient que " Lorsque des individus échangent des marchandises, en vérité, ils échangent le travail incorporé dans cette marchandise" Il suffisait de mesurer ce travail pour déterminer ce juste prix...

- Plus près de nous, en 2009,le Pape Benoit XVI dans son encyclique sociale" Caritas in Veritate" malheureusement peu connue, mais extraordinairement éclairante et révolutionnaire, fait le constat suivant " L'économie, la logique marchande ne peuvent résoudre les problèmes sociaux qu'elles posent. Le marché n'arrive plus à assurer la cohésion sociale dont il a besoin pour bien fonctionner". "La société toujours plus globalisée nous rapproche, mais elle ne nous rends pas frères La raison est capable de comprendre l'égalité entre les Hommes et d'établir une communauté de vie civique, mais elle ne parvient pas à créer la fraternité"

Le problème de l'immigration en est aujourd'hui une tragique illustration.

La plus grande force au service du développement, c'est bien l'humanisme chrétien, symbole de vérité et de charité.

Jean Staune dans son livre "Les clés du futur" ( Plon) nous livre à ce sujet quelques orientations que je m'empresse de vous livrer tant elles m'apparaissent pertinentes:

" L'intégration du bien commun dans le processus économique est une obligation, entre le mécanisme de l'offre et de la demande avec ses imperfections qui entrainent toujours plus de correctifs, de nouvelles pistes se dessinent"

- Une exigence de redistribution minimale qui intègre dans le prix une notion de prix minimum garanti qui permet au producteur de vivre ( Commerce équitable et problème récent des éleveurs coincés entre les rythmes biologiques incompressibles ( 9 mois pour faire un veau) et la grande distribution).

- Une exigence de valorisation dans le prix, de ce que les économistes appellent les "externalités":

- les ressources utilisées pour produire sont elles gratuites, sont elles inépuisables ?

- les couts écologiques de production ( pollution ou pas )et d'utilisation des produits. La voiture électrique contrairement à ce que l'on laisse croire n'est pas 100 % écologique, il faudrait pour cela que l'énergie électrique utilisée soit verte.

- et surtout les couts de destruction finale des produits. La nature n'a pas de poubelles, et ce que nous recyclons aujourd'hui est bien imparfait, chaque recyclage dégrade le nouveau produit et fait des déchets ultimes.

C'est mieux que rien me direz vous, assurément.

La main invisible d'Adam Smith ne sera pas suffisante pour créer ce cercle vertueux, ni COP 21, la Conférence sur le climat de Paris, il faudra sans doute encore plus d'incitations et de conscience collective pour prendre en compte ces nouvelles exigences.

Etienne Remaud