"Vivre vite" par Brigitte Giraud Flammarion

Dans ce roman intimiste, l'auteure s'interroge sur ce qui a conduit à l'accident mortel de son mari, à moto, en 1999.

Une quête éperdue, qui tend à l'obsession avec un jeu systématique de répétition de "Si"...Ce systématisme rend la lecture de ce roman de l'intime oppressant comme un thriller, même si entre "les si" se dessine en permanence, le portrait de Claude, l'être aimé, le disparu...

En remontant le temps pour trouver des explications à cette mort, la romancière déplie les multiples petits détails qui font le charme d'une vie ordinaire, d'amour, de projets, de petits tracas, d'enthousiasmes, de joie d'être ensemble, mais qui n'intègre jamais "qu'un grain de sable" peut tout arrêter, et, à tout moment.

J'ai eu en lisant ce roman autobiographique l'impression étrange d'être sur un banc, par hasard, assis à coté d'une femme inconnue, en train de me raconter le drame de sa vie, la béance immense qu'elle n'arrive pas à combler après la disparition de l'être cher...

C'est le dixième roman de Brigitte Giraud, romancière française née en 1966 en Algérie, récompensée à de nombreuse reprises par des prix de seconde zone et cette année par le prestigieux Goncourt 2022, mais tenez vous bien, par 6 voix contre 5, au quatorzième tour de scrutin, contre son challenger, mon préféré, Le "Mage du Kremlin" de Giuliano da Empoli.

Les jurés du Goncourt nous ont souvent habitués à sortir des cuvées littéraires,  le livre, qui par son thème, sa construction, son style d'écriture se différenciait des autres, comme en 2021 avec "L'anomalie" de Mohammed MBougar Sarr.

Avec "Vivre vite" les Goncourt n'ont pas failli à la tradition.

Etienne Remaud,