Lundi 23 Septembre ; c'est l'automne

"Les sanglots longs, des violons de l'automne blessent mon cœur d'une langueur monotone. Tout suffocant et blême, quand sonne l'heure, je me souviens des jours anciens et je pleure"

Ces quelques vers de Verlaine tirés de Chansons d'automne (1844) symbolisaient à merveille les automnes d'autrefois, la mélancolie qui s'installait, les petits matins brumeux et humides, les paysages flamboyants de rousseur et le lent déclin de la végétation . Tous les ans, le miracle se reproduisait, car les arbres ont de la mémoire, mais cette année, point de mélancolie, la canicule a laissé des traces, les feuilles déjà roussies commencent à tomber et l'on attend la pluie avec impatience sur la terre assoiffée...

A cette époque, il y a aussi d'autres feuilles qui tombent, celles des impôts locaux, mais là ce sont les montants de la taxe foncière qui s'envolent. Certaines municipalités malgré la proximité des élections municipales prochaines n'ont pu résister à l'aubaine présentée par la disparition progressive de la Taxe d'habitation...

Chaque année, l'équinoxe, c'est à dire le passage en automne a lieu à une date différente, cette année le Lundi 23 Septembre, soit un mois avant le passage à l'heure d'hiver (pour la dernière fois sans doute). Cela tient au fait que la Terre tourne autour du soleil en 365 jours, 5 heures et 46 minutes, ce décalage étant rattrapé tous les 4 ans par l'ajout du 29 Février.
Il est une autre particularité que nous ressentons tous directement, c'est le seul moment de l'année avec l'équinoxe du printemps où la journée et la nuit ont la même durée, puis la durée du jour déclinera petit à petit de quelques minutes vers l'hiver.

Le calendrier que nous connaissons a subi bien des aléas au cours de son histoire. La plus intéressante que nous connaissons est celle de la Révolution Française qui en 1792 créa le Calendrier Républicain pour rompre avec tout ce qui pouvait rappeler la chrétienté : une année de 360 jours, réparties en 36 décades de 10 jours et commençant le premier jour de l'automne; L'an 1 de la République. Les 5 jours ou 6 jours qui manquaient pour correspondre au temps astronomique étaient regroupés en fin d'année républicaine, à la fin de fructidor ( Franciade ) et tous les quatre ans, on ajoutait une autre journée. Tous ces jours qui portaient de jolis noms, la vertu, le génie, le travail… étaient chômés et non payés pour compenser l'allongement de la durée du travail due aux décades.

C'est le poète Fabre d'Eglantines qui fut chargé de cette grande réforme, il donna aux mois républicains ces noms particulièrement évocateurs mais que l'histoire n'a pas retenus ; Nivôse, Floréal, Prairial, Fructidor, Messidor, Brumaire, Vendémiaire pour le premier mois Républicain... Et, tous les jours de la décade changèrent de noms, tous les noms de saints disparurent du calendrier, remplacés par des noms de plantes, d'animaux à l'image de la France rurale de l'époque.  

C'est Napoléon qui en 1806 mit fin à cette utopie qui se voulait universelle, et remit en vigueur avec tous ses attributs le calendrier que nous connaissons. Il dura 13 ans, avec sous la Commune une vaine tentative de réhabilitation. Il y a bien eu au nom de la laïcité d'autres tentatives de modification du calendrier grégorien depuis,  en supprimant dans les éphémérides et les médias toutes références chrétiennes, mais elles ont disparu comme les feuilles d'automne emportées par le vent de l'histoire...

En attendant la pluie bienfaisante, fredonnons la célèbre comptine " Colchique dans les prés" dont le titre initial était " Automne " et qui a fait les beaux jours de milliers de chœurs d'enfants. Remise au gout du jour par Francis Cabrel c'était frais et joyeux comme une bonne pluie d'automne.

Etienne Remaud,