La retraite des fonctionnaires !

Depuis le 1er septembre, les nouvelles conditions de départ en retraite sont appliquées, avec notamment pour tous ou presque, un recul de progressif de l'âge légal, de 62 à 64 ans et, une accélération de la durée des cotisations jusque en 2030.

Si, on ne peut qu'approuver le principe de cette réforme avec sa progressivité, nous aurons quand même une pensée pour tous ceux et celles qui ont vu brutalement leurs projets immédiats retardés, et, regretter que sous les coups des Syndicats, d'une opposition rétrograde et d'une opinion bernée, elle ne soit pas allée au bout de ses ambitions, à l'image de nos collègues européens qui ont accepté sans rechigner des conditions autrement plus contraignantes que celles que nous connaissons...

Mais, en France, il y a une catégorie qui fait profil bas sur ce sujet, c'est celle des fonctionnaires. Ils sont 5,6 millions, dans 3 fonctions publiques aux statuts différents; d'Etat, de loin la plus nombreuse, Hospitalière et Territoriale, soit, 1 salarié sur 5. Et, l'on comprend pourquoi, car ils conservent par rapport aux salariés du privé des privilèges exorbitants.

D'une part, ils sont abonnés au subventions d'équilibre de leur régime, car les cotisations versées ne couvrent pas le montant des retraites versées. Ces subventions, appelées pudiquement "cotisations fictives" sont votées tous les ans dans le budget de l'Etat. Un récent rapport du COR ( Conseil d'Orientation des retraites) estime que ce déficit s'élève à 30 milliards par an, et que sans modification profonde du système, l'équilibre ne sera pas atteint en 2030.

Et, d'autre part, si pour les salariés du privé, c'est le salaire moyen des 25 dernières années qui est pris en compte pour le calcul du montant de la retraite, pour les fonctionnaires, c'est la moyenne des 6 derniers mois qui est retenue, et que en pratique, les fonctionnaires progressent presque systématiquement d'un échelon avant leur départ, sans compter les multiples petits mais bien réels avantages que leur réserve leur statut.

La retraite moyenne mensuelle nationale début 2023 s'élevait pour l'ensemble des salariés à 1420 euros par mois, celle des fonctionnaires de la fonction publique hospitalière et territoriale à des montants très voisins, alors que celle des fonctionnaires d'Etat s'élevait 2160 euros mensuels...

Le Gouvernement, comme les précédents, n'a pas osé braver cette population dont le poids électoral n'est pas négligeable, comme pour celle des parlementaires qui n'ont pas voulu scier la branche sur laquelle ils étaient assis. Pour les fonctionnaires, il aurait fallu que les primes qui ne sont pas prises en compte dans le calcul de leur retraite le soit, mais cela ne pouvait se faires sans une refonte totale du système de rémunération des fonctionnaires et de leur statut.

Il faut noter, pour être objectif que, un bon nombre des pays européens voisins, ont, et pour les mêmes raisons, conservés pour leurs fonctionnaires un régime spécifique dérogeant au régime général.

Seul, le système par points, qui malheureusement n'a pas été retenu aurait permis d'unifier tous les régimes de retraites (rappelons que il y en avait plus de 150 en France) et de préserver entre tous les salariés la plus grande équité.

Etienne Remaud,