1936 : An 1 des vacances pour tous

Il y a maintenant 87 ans, en 1936, que les Députés du Front Populaire votaient à l'unanimité moins un voix la plus emblématique des Lois Sociales ; les congés payés.

Présentée par Léon Blum, Président du Conseil, elle fut approuvée sous la pression de la rue dans la foulée des Accords de Matignon. En Février, Léon Blum circulant en automobile dans Paris fut violemment agressé par des opposants, notamment ceux d'Action Directe et ne dut son salut que dans la fuite, signe de l'agitation qui régnait déjà à cette époque.

Le principe des vacances payées existait déjà dans dans de nombreux pays européens ( Italie, Pologne, Suède, Espagne, Allemagne...) et en France, seulement pour les fonctionnaires et salariés des services de  l'Etat. La grande nouveauté, c'est que le principe des congés payés a été étendu à tous les salariés, et pour ceux du privé, à condition d'avoir une présence ininterrompue de plus d'un an dans l'entreprise.

" Etre payé à ne rien faire " suscita dans l'opinion un enthousiasme populaire, vers " le vivre mieux" disait on déjà. Mais, ce n'est qu'en 1937 que les congés payés prirent leur essor, vers la campagne, mais surtout vers les plages de la Normandie et de l'Ouest de la France. Le billet populaire en 3 volets ( rose)  institué par la SNCF, à tarif réduit par le "Ministère de la Paresse" surnom donné par Action Directe au tout jeune Ministère de la Jeunesse et des sports Léo Lagrange  témoigne de cette époque.

L'invasion toute relative de ces nouveaux estivants, notamment dans les stations "huppées" de Normandie, suscita bien des réactions, "les salopards en casquette" nom donné par l'Action Française allaient côtoyer les notables en canotiers et petit gilets rayés, habitués des lieux. Impensable !

D'un côté, en marcel échancré, cigarette au bec, casquette vissée sur la tête, avec casse croute et litron, étalés sur une serviette à carreaux avec une marmaille bruyante et de l'autre côté, avec une allure policée, des dames en marinière rayée sur pantalon blanc, et filles en jupe plissée bleu marine prenant le bon air à côté de la malle à pique nique en osier....

Image caricaturale sans doute immortalisée par Doisneau le photographe des prolétaires que vous avez certainement vue .

 Les chansons de l'époque que j'ai pu retrouver témoignent de l'ambiance particulière qui suit toujours les conquêtes sociales ; "Qu'est ce qu'on attend pour être heureux" par Ray Ventura, " Dans la vie faut pas s'en faire" par Maurice Chevalier, " On n'a pas tous les jours vingt ans par Berthe Sylva "... La filmographie de l'époque est militante, le film devient une mode d'expression privilégié pour développer le progrès social et affirmer sa foi militante dans la lutte des classes, citons, " La belle équipe" de Julien Duvivier, mais aussi, " La vie est à nous et la Marseillaise" de Jean Renoir, et "Le temps des cerises" de Jean Paul Le Chanois...

En 2023, les temps et les habitudes ont bien changé, aujourd'hui, c'est entre 8 et 10 millions de français qui partent en vacances entre le 14 juillet et le 15 Août, pour une semaine ou deux et plus pour les possesseurs de résidence secondaire, car maintenant les vacances s'étalent toute l'année.

La mer, la montagne, la campagne, les destinations couvrent l'ensemble de la France, chaque collectivité s'ingéniant à offrir des activités ludiques, diverses, à caractère sportif ou culturel pour satisfaire les besoins les plus variés.

Le tourisme est devenu une industrie à part entière.

Etienne Remaud,