Le vieillissement ; quelle politique ?

Le récent livre "Les Fossoyeurs" de Victor Castanet vient de relancer cruellement le débat de la prise en charge du vieillissement en France dans ce que l'on appelle communément les Ephad (Etablissements d'hébergement des personnes âgées dépendantes), après la crise de la canicule de 2003 et le nombre caché des décès dus au Covid en Maison de Retraite de 2020/21.

Il y en aurait 7517 en France dont 20 % sont des établissements à gestion lucrative, les autres dépendant des Collectivités Territoriales ou d'Associations Loi 1901.

Pourtant, la très grande majorité des plus de 65 ans plébiscite le maintien à domicile comme solution idéale avec l'adaptation du logement au handicap et l'extension du Crédit d'Impôts pour les services à la personne, l'hébergement en Maison de Retraites n'étant qu'un pis aller en cas de perte d'autonomie, et, ce, alors que les prévisions nous disent que prochainement, 90 % des plus de 85 ans seront encore autonomes...

Une telle situation implique évidemment un changement global de la prise en charge du vieillissement, avec le développement d'une pluralité de l'offre, la proposition de véritable 'parcours de santé' qui distingue, les âges, les statuts, le degré d'autonomie, et les choix de vie pour offrir des établissements spécialisés, de la copropriété aménagée, avec services communs à l'établissement adapté au handicap.

A l'image de l'hôpital, rongé par une administration pesante de gestion de la pénurie, les Ephad croulent sous la multiplication des normes quantitatives de l'ARS et des Services Spécialisés des Départements, au détriment du contrôle de la qualité et le l'humanité des services rendus, et ce, malgré le dévouement de la grande majorité des personnels de service, qui eux aussi, comme les résidents sont victimes du système.

Les réformes du financement du vieillissement sont inopérantes car insuffisantes, comme celle de Juillet 2020, avec la création d'une 5ème branche de la Sécurité Sociale consacrée à la perte d'autonomie, mais, sans aucun financement, alors que le déficit de la Sécurité Sociale et du Fonds de Solidarité Vieillesse culminent déjà à 39 milliards en 2020.

Sans réelle politique anticipatrice, la prise en charge du vieillissement coure au naufrage, sous le double effet de l'allongement de l'espérance de vie, 84 ans pour les hommes et 88 ans pour les femmes, et, du nombre de plus de 65 ans qui passerait en France de 14 à 24 millions en 2060, avec en 2027, près de 3 millions de français et françaises en perte d'autonomie...

Avec la réforme des retraites, qui est un problème lié, c'est un chantier titanesque qui nous attend, et, toujours absent des débats de la campagne présidentielle.

Je souhaite que le livre de Victor Castanet comme les émissions télévisées sur ce sujet qui vont suivre (E Lucet France 2) éveillent les consciences de chacun d'entre nous sur ce passage obligé qui nous attend tous.

Etienne Remaud,