Tout va bien Madame la Marquise, mais...

C'est le célèbre refrain de Ray Ventura que fredonnent tour à tour les membres du Gouvernement au retour de leurs vacances.

La crise sanitaire semble s'éloigner, la rentrée scolaire est faite, et surtout, l'économie se porte bien, très bien même. Du jamais vu depuis des lustres.

La croissance française est au zénith, le FMI, la Banque Mondiale annoncent que la France est redevenue la cinquième puissance mondiale, derrière les USA, la Chine, le Japon et l'Allemagne, mais devant le Royaume Uni et l'Inde...

En 2021, le PIB (Produit Intérieur Brut) atteindrait presque 3000 milliards de dollars, 2917 exactement, résultat d'une croissance de 6,25 %, alors que l'on craignait un tsunami économique avec la disparition de milliers d'entreprises et d'emplois correspondant. Les plus pessimistes prévoyaient même un chômage de plus de 11 %...

Et bien, rien de tout cela ne s'est produit. Les miracles existeraient en économie ?

Or, malgré les restrictions dues au pass sanitaire, la consommation des ménages atteint des niveaux très importants, avec de nombreux secteurs en surchauffe, comme dans le bâtiment avec la construction en bois, et, dans l'automobile avec certains constituants importés.

Dans le même temps, Pole Emploi annonce 1 million d'emplois non pourvus avec un taux de chômage trop élevé qui stagne à 8 % , rendant encore plus nécessaire la réforme de l'Allocation chômage pour la rendre plus incitative à la reprise du travail, et, que Bercy prévoit plus de 20 milliards de rentrées fiscales supplémentaires...

"Tout va bien Madame la Marquise, mais, mais il faudrait que l'on vous dise, votre jument grise..."

Que l'économie française aille mieux que prévu, il faut quand même s'en réjouir, même si un partie de ce boni n'est autres que le rattrapage de la calamiteuse année 2020, mais pour autant notre économie va t elle bien ? 

Toutes les difficultés structurelles que nous connaissions avant n'ont pas disparu d'un coup de baguette magique ; nos rigidités administratives, nos dépenses publiques, nos prélèvements obligatoires, notre déficit commercial.... Elles sont seulement masquées provisoirement.

E. Macron et son Gouvernement peuvent à juste titre se réjouir des résultats du remède de cheval qu'ils ont administré à la France et aux Français. Le " quoiqu'il en coûte"  a atténué la douleur comme une bonne dose de Doliprane, mais n'a pas guéri la maladie, et, les milliards empruntés ( que l'on ne remboursera qu'en partie ) sont toujours là.

Jean Castex soucieux de ne pas casser cette dynamique, à 200 jours des présidentielles, reporte aux calandres grecques tous les sujets qui fâchent, notamment celui de la réforme des retraites. Il vient de déclarer, Mercredi 8 " Que les conditions ne sont pas encore remplies " On le comprend...

Mais cette période préélectorale va aiguiser les appétits de tous ceux et celles qui veulent une part du gâteau, car, l'on sait que la croissance accroit les inégalités et le nombre de laisser pour compte en chemin.

La communication gouvernementale devra naviguer entre ces multiples écueils, en tentant de faire oublier que la dépense publique est un dangereux remède, la pire des addictions, car quand on y a goûté, il est difficile de s'en passer...

Etienne Remaud,