"Tirons les Rois" c'est le moment...

A voir les montagnes de galettes et autres couronnes étalées chez les commerçants, on peut penser que l'heure du régime, après les agapes de fin d'année n'a pas encore sonné.

Fêtée arbitrairement le mercredi 6 Janvier, la Galette des Rois et sa fève sont une tradition bien ancrée dans la tradition française.

C'est d'abord une tradition païenne, dans l'antiquité, et là comme d'habitude les avis divergent sur les origines de cette coutume. Retenons la plus belle, attribuée aux Romains pendant les Saturnales qui duraient 7 jours, la hiérarchie sociale et la logique des choses étaient inversées, entres les Maitres et leurs serviteurs , les Chefs et leurs subordonnés. Celui qui après avoir partagé une galette avait tiré le bon jeton était Roi, un Roi éphémère mais disposant de tous les pouvoirs. Tous les travers, tout pouvait être parodié, autorisant tous les défoulements...

Imaginons ce que cela pourrait donner dans nos démocraties si cette tradition était remise en oeuvre? Le "bon sens" régnant en maître, imaginez le bouleversement dans notre société. J'aimerais bien voir...

Cela me fait penser aux fêtes populaires où le Bon Peuple pouvait se défouler en dégommant avec des balles remplies de sciure les effigies de leurs responsables. Il n'y avait rien à gagner, sinon la notoriété et le sentiment d'une revanche bien méritée. Nous n'en avons gardé que le bulletin de vote...

C'est aussi une fête chrétienne, après la naissance physique de Jésus, le Messie, l'Epiphanie célébrée cette année le 10 Janvier, est interprétée comme la preuve de la Messianité du Christ pour le monde. Dans notre imaginaire elle nous renvoie à la belle image symbolique des Rois Mages. Selon l'Evangéliste Saint Matthieu, les Mages, savants, érudits, auraient été avertis par une étoile qui brillait plus que les autres qu'un évènement important venait de se produire, Le Messie, tant attendu était arrivé... et ils se mirent en marche pour aller l'adorer et lui offrir des présents. La tradition a voulu qu'ils soient trois, représentant les 3 Continents (Félicitations au Service communication déjà au top) portant des cadeaux Melchior, blanc, barbu et vieux représentant l'Europe avec l'or, Gaspard au teint coloré représentant l'Asie et portant l'encens et Balthazar, jeune et noir représentant l'Afrique et portant la mirrhe. C'est cette image symbolique qui a fait l'objet de multiples représentations picturales et qui perdure dans nos crèches avec des adaptations régionales.

L'imaginaire est sans limite puisque ces 3 Rois Mages n'auraient jamais existé stricto sensu, mais leurs reliques sont toujours honorées dans la cathédrale de Cologne, je les ai vues...

Lors de cette fête populaire, 85 % des familles en France, on tirait les Rois, à l'aide d'une fève, à l'origine, un haricot et maintenant de jolies figurines en porcelaine, la tradition voulant que le plus jeune se glissât sous la table pour que le partage de la galette à la frangipane soit sans à priori, le Roi ou la Reine éphémère coiffant une belle couronne dorée...

Certains enjolivent encore la tradition en attribuant la fève à la légende de Peau d'Ane de Charles Perrault, Peau d'Ane oubliant volontairement sa bague dans le gâteau qu'elle confectionnait pour le Prince Charmant...A la rouerie féminine.

A Paris, la corporation des boulangers pâtissiers offrait en grande pompe une galette géante à l'Elysée, sans fève bien entendu parce que l'on est en République. Initiée par Giscard d'Estaing, il ne me semble pas que cette tradition se perpétue en raison de sa connotation religieuse.

Allez, dégustons la galette en famille, comme autrefois, sans à priori, c'est un moment agréable en ces périodes difficiles.

Etienne Remaud,