Il y a 75 ans ; Auschwitz Birkenau

" La bas dans les plaines allemandes et polonaises s'étendent désormais des espaces dénudés sur lesquels règnent le silence, c'est le poids effrayant du vide que l'oubli n'a pas le droit de combler et que la mémoire des vivants habitera toujours" Simone Weil.

Ce qui reste, parce que l'on a voulu effacer les traces de cette tragédie est maintenant protégé.

Lundi, plus de 200 survivants, rescapés de l'holocauste, accompagnés d'une soixantaine de représentants de chefs d'Etat, mais en l'absence des grands leaders mondiaux se sont réunis en mémoire du million de juifs victimes de la barbarie nazie. C'est en 1942, que les nazis organisent avec le soutien des grandes nations européennes, dont la France, la déportation systématique des juifs, roms, homosexuels, au nom de l'épuration ethnique, vers six grands camps d'extermination. Or, dès juillet 1942, les Alliés, Pie XII, savaient ce qui se passait en Pologne, sans doute sans en mesurer l'ampleur. Ils ont laissé faire, donnant la priorité aux objectifs militaires...

C'est en 1945 que les armées soviétiques, les premières sur les sites découvrirent l'horreur absolue, des personnes décharnées, la promiscuité, les privations, la saleté, les poux, la honte cuisante de la nudité et des restes de milliers de disparus...

Ginette Kolinka, ( 95 ans ) en est une des rescapées de Birkenau, elle a écrit un petit livre (100 pages) "Retour à Birkenau" paru en Mai 2019 Grasset, où, sobrement, sans fioritures, sans amertume, elle raconte l'horreur, après avoir été arrêtée en 1944 à Avignon avec son père, son petit frère, et son neveu. Elle seule en reviendra.

Elle y était Lundi devant le tristement célèbre portail " Arbeït macht frei " le travail rend libre, vêtue comme ses camarades du bonnet et de l'écharpe à rayures bleues et blanches.

Comment cette tragédie a t elle pu exister ? Comment des camps de travail l'Allemagne est elle venue à envisager l'extermination par crémation, la solution finale ?

Adolescent, je me souviens d'avoir appris dans les années 1950, sans trop y croire, mais avec stupeur et incrédulité l'ampleur de ce génocide. Avec le recul des ans, je ne peux m'empêcher de m'interroger sur la terrible responsabilité collective que nous avons tous sur cet épisode tragique de notre histoire. Comment, notamment les générations de jeunes allemands supportent aujourd'hui cette tragédie ? Le Président allemand qui n'était pas présent aux cérémonies du 25 Janvier a déclaré à Jérusalem, en anglais, " Je me tiens chargé du fardeau historique de la culpabilité", E Macron a fait de même au nom de l'Etat Français.

Et pourtant, en France comme dans beaucoup de pays européens, une partie de la société refuse d'endosser sa part de responsabilité et même dans certains cas, nie l'existence de ce génocide et que d'autres parmi les plus jeunes de nos concitoyens ignorent encore tout de ce drame horrible.

Nous avons tous un devoir de mémoire pour que ces tragédies ne se reproduisent pas, et pourtant, après la Soha, le problème arménien, le Burkina fasso et bien d'autres génocides continuent d'émailler notre histoire.

"L'homme est un loup pour l'homme " Thomas Hobbes .

Etienne Remaud,