Pourra t on vieillir demain en France ?

Quand on a 20 ans et toute le vie devant soi, ce n'est pas évidemment un sujet qui passionne et pourtant. C'est l'histoire d'une société qui repousse toujours plus loin les limites de la mort mais refuse de payer le prix de cette victoire. ( Le Point 25/10/18). Demain le coût financier et humain du grand âge et surtout de la dépendance sera insupportable si des mesures ne sont pas prises.

Si en 1955, on pouvait espérer vivre en moyenne jusqu'à 67 ans, aujourd'hui l'espérance de vie est de 85,4 ans pour les femmes et de 79,5  ans pour les hommes. A noter que l'écart entre les deux sexes ne fait que diminuer. Ce qui fait qu'en 2070, selon les prévisions de l'INSEE et au rythme de 3 mois de gain par an, cet âge deviendrait en 2070, respectivement de 93 et 90 ans.

Avec un départ en retraite autour de 65 ans, on imagine le nombre de retraités que la France comptera.  ce chiffre aujourd'hui de 16 millions doublerait et pour la première fois en France, le nombre de retraités serait largement supérieur au nombre des jeunes de moins de 20 ans. Sans l'immigration évidemment...

Mais, il y a un autre problème aux conséquences imprévisibles et qui vient aggraver la situation et que nous refusons de regarder en face : le progrès médical produit toujours plus de dépendance. Fascinant paradoxe, la meilleure prise en charge des accidents cardio vasculaires, des maladies neurologiques ou rhumatologiques, des cancers et bientôt de la maladie d'Alzheimer ...prolongent l'espérance de vie, mais laissent une proportion importante de "miraculés de la vie" qui glissent vers la dépendance.

Or, nous y allons presque tous vers cette dépendance qui fait peur, en 2060, ce nombre serait de 2,4 millions pour un coût estimé à 45 milliards. 

Et l'on comprend mieux devant ces chiffres qui donnent le vertige pourquoi le recours au suicide et à l'euthanasie se développent.

Maintien à domicile avec aidants familiaux ou privés, EHPAD, sont les seules solutions que nous connaissons. 80 % des résidents d'EPHAD déclarent qu'ils ne seraient pas là s'ils avaient eu le choix ! On y entre de plus en plus tard, quand les effets de la dépendance commencent à se faire sentir. Or, malgré les efforts du personnel, vivre entre dépendants, coupés du monde, ce n'est guère réjouissant.

On est loin de l'image du bonheur que nous présentent les publicités, de seniors (en pleine santé), mordant la vie à pleine dents, partageant leur temps entre croisières, escapades et petits enfants, et pour d'autres, engagés dans le bénévolat. C'est un temps qui passe, l'autre qui suit nous attend, il faut s'y préparer le plus sereinement possible.

Quand à nos politiques, ils doivent d'ores et déjà se préoccuper du financement de la dépendance, différente de la retraite active, une cinquième branche de la SS a déclaré E Macron.

Etienne Remaud