Gilets jaunes : Entre réalités, contre-vérités et idées reçues

C'est un curieux mélange de rationnel et de passionnel cette manifestation des gilets jaunes du 17 Novembre. Un mouvement populaire de colère où l'instinct grégaire a joué à plein assurément, multi-réclamations traduisant un ras le bol général, sans les syndicats, ni les partis politiques malgré leurs tentatives de récupération.

Il y a toujours une goutte d'eau qui fait déborder le vase dans un mouvement de contestation et cette goutte d'eau: c'est le prix des carburants.

Depuis de nombreux mois, un mécontentement latent s'est développé, gagnant pour des raisons justifiées ou pas quasiment toutes les couches de la population, chacune ignorant les points positifs des réformes qu'elles ont majoritairement souhaitées, et, trouvant toujours une occasion d'exprimer leur colère.

Rien n'y fait, les mises au point des Pouvoirs Publics sont inaudibles, l'amélioration du pouvoir d'achat dont tout le monde va bénéficier en 2019, sauf les retraités aisés ( plus de 5 000 euros nets mensuels) sera pourtant bien réelle. Voir la remarquable étude du Point du 15 Novembre 2018 sur ce sujet.

On disait autrefois " il n'y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre " et cela semble bien se vérifier aujourd'hui. " Les idées reçues ont la vie dure". Car si la passion, et l'irrationnel sont issus de sentiment et d' impression et souvent contagieux, la raison est affaire de réflexion personnelle.

Michel Urvoy, Journaliste que j'apprécie beaucoup, a dit " En 1980, avec une heure de SMIC on achetait 3,4 litres d'essence, et en 2018 c'est 6,4 litres, et avec des véhicules qui consomment moitié moins ! Mais nous ne sommes plus à la même époque, les besoins ont évolué et le pouvoir d'achat n'a plus la même signification, dans beaucoup de cas ce qui était considéré comme du superflu est devenu maintenant indispensable. Le tout, tout de suite est devenu la règle ...

Mais le 17 Novembre, il y avait près de 2000 manifestations de mécontentement comptant près de 300 000 personnes , c'est moins que prévu et la France n'a pas été bloquée, le Gouvernement en tiendra t il compte .

E Macron avait pressenti cette situation , le 14 Novembre sur le porte avions Charles de Gaulle, déclarait " Il y a de l'impatience, il y a de la colère, je la comprends, parce qu'il y a une chose que je n'ai pas réussi vraiment à faire  : c'est réconcilier le peuple avec ses dirigeants "

Or, céder serait pire que tout, ce serait ouvrir la porte des réclamations sans fin et de fermer celle des réformes envisagées...

On peut d'ores et déjà tirer 3 leçons de ce mouvement, d'abord, on ne peut pas changer brutalement l'ordre établi, l'affaire de la mort programmée du Diesel en est un bel exemple, ensuite, ne jamais oublier la "France périphérique" celle qui se révolte aujourd'hui dans les conséquences des réformes envisagées, augmenter le prix des carburants n'a pas le même impact pour celui qui habite en ville où il y a des transports urbains et celui qui doit faire 20 ou 50 Kms par jour pour aller travailler avec souvent deux voitures par foyer, enfin, sans relais locaux le pouvoir central ne peut rien or, les Rem sont la plupart du temps totalement inexistants dans leur circonscription.

Faute d'avoir mal mesuré les conséquences de toutes ces réformes pourtant justifiées et reconnues comme saines par les instances internationales, la "vox populi" peut conduire le Gouvernement à l'impuissance, donc l'échec.

Etienne Remaud