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Un regard citoyen

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Chronique citoyenne sur tous faits de société et notamment politiques


La Fontaine : une école buissonnière par Erik Orsenna (Stock)

Publié par Remaud Etienne sur 11 Septembre 2017, 07:46am

Catégories : #J'ai lu

Depuis l'enfance, Jean de la Fontaine est notre ami, et, les amoureux de ses fables peuplées d'animaux familiers ; agneau, loup, mouche, cigale, fourmi, grenouille, bœuf, corbeau, renard... ne nous ont jamais quittés.

" Nous avons tous en France été baptisés en Jean de la Fontaine, et, fait notre première communion dans ses fables" a dit de ses écrits Barbey d'Aurevilly.

Je me souviens des fables les plus célèbres, le Corbeau et le Renard et la Cigale et la fourmi notamment, apprises par cœur et récitées debout devant la classe, devant un maitre pointilleux sur l'intonation et surtout de ses morales : un véritable condensé d'éducation qui m'interrogeait par leur sagesse et modelait nos comportements.

Mais au fait, que savons nous de Jean de la Fontaine en dehors de ses fables ?

Le livre d'Erik Orsenna, académicien, n'est pas une biographie, mais une promenade vagabonde dans l'univers de Jean de la Fontaine (1621/1695), auteur de 240 fables et de 70 contes, dans un élégant et beau petit livre sous jaquette blanche et lettres d'or...

Erik Orsenna en maître es-littérature, d'une prose capricante, gambade, s'amuse et nous distrait, usant et abusant en parfait cabotin de toutes les ficelles du métier de l'écrivain accompli. Il chevauche les époques, de la naissance du petit Jean à sa disparition après une vie de "bâton de chaise".

Dans ses fables, s'inspirant des écrits de ses anciens, Esope et Socrate, Jean de la Fontaine a choisi de faire parler les animaux, une soixantaine, qu'il utilise comme autant de miroirs de la société et qu'il fait parler à sa place " pour instruire les hommes "disait il, et ainsi échapper à la censure de Louis XIV pour qui "les artistes n'étaient que des ouvriers à son service".

Dans la vie, Jean de la Fontaine se révéla joyeux, païen, jouisseur du présent, coureurs de jupons et impécunieux malgré le succès de ses Fables à 42 ans...On lui doit d'avoir troussé cette belle expression "douces d'humeur et gentilles de corsage" qui dit on lui aurait valu de ne pas figurer au répertoire des textes de l'Education Nationale, mais c'était il y a bien longtemps...Les gentilles demoiselles inspirèrent une autre partie de son œuvre évidemment moins connue que les fables, mais bien plus succulentes pour les adultes ; les contes érotiques.

Erik Orsenna nous en délivre quelques morceaux choisis, délicieusement coquins, un vrai régal. Je vous recommande "Les lunettes", vous découvrirez ce qui arrivât à Sœur Agnès dans un couvent de nonnes...alors qu'un jeune blondin...

Mais triste fin, l'Eglise l'obligea à abjurer ces textes à la fin de sa vie et il dut même confesser ses errements devant  ses pairs de l'Académie Française, à noter que Fragonard inspiré par ces contes en tira près de 60 dessins et peintures ...

Jean de la Fontaine prépara lui même ce texte de sa pierre tombale.

"Jean s'en alla comme il était venu. Mangeant son fonds après son revenu. Croyant le bien, chose peu nécessaire. Quant à son temps, bien sut le dépenser. Deux parts il en fit, dont il voulait passer. L'une à dormir, l'autre à ne rien faire"

Jean de la Fontaine, sans doute un des grands poëtes de la langue française par Erik Orsenna ; une école buissonnière, une découverte, un vrai plaisir.

Etienne Remaud


 

 

 

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