Le pays des autres par Leïla Slimani Gallimard

C'est l'histoire de Mathilde, jeune alsacienne qui en 1946 s'éprend d'Amine Belhaj, jeune marocain, officier des Spahis de l'Armée Française ( mon corps de rattachement en Algérie ) et qui le suit à la Libération dans son Maroc natal pour vivre sur les terres de ses ancêtres.

Deux jeunes fous amoureux, deux cultures, deux religions, deux éducations qui mettront à rude épreuve leur aventure humaine.

Dans ce premier volet d'une trilogie, Leïla Slimani, écrivaine, journaliste de 39 ans fait de son Maroc natal le creuset d'une saga familiale. Son pays, elle l'a dans la tête, le cœur et le corps. Sa lumière est dans ses yeux, elle respire ce Maroc qu'elle quitté à l'âge de 18 ans pour la France où elle vit maintenant.

Que deviendront les enfants de ce couple, Aïcha, la métisse, si brillante à l'Ecole des Sœurs, l'Ecole des autres dit son père Amine, et, son petit frère Selim qui suit sa trace.? Nous le saurons en 2021 et 2022 dans le deuxième et troisième volet de cette trilogie à paraître.

Le sujet de ce livre m'attirait énormément pour deux raisons, le souvenir de mes deux ans passés à la Préfecture de l'Oranais et à Mostaganem en Algérie, et Leïla Slimani, toute auréolée du Prix Goncourt obtenu en 2016 avec " Chanson douce ". Avec " Le pays des autres " elle a fait un démarrage en fanfare, édité début Mars 2020, avec un premier tirage de 120 000 exemplaires, elle est depuis le début du mois en tête du hit parade des ventes en librairie.

Quand on attend beaucoup d'un auteur, on ne trouve pas toujours ce que l'on avait espéré. C'est mon cas, autant les premiers chapitres m'ont beaucoup plu, l'intérêt de l'histoire de cette famille s'est estompé au fur et à mesure que j'avançais dans les soubresauts de ce Maroc profond, alors que pointaient les velléités de l'indépendance.

Subtile stratégie de l'auteur pour mieux nous faire désirer la suite, certainement, tant le professionnalisme de Leïla Slimani dans la narration est assuré.

Leïla Slimani, dans cette fiction, a rompu avec l'univers de la bourgeoisie qu'elle a si bien décrit dans se premiers romans, ici, elle nous raconte l'histoire d'une greffe qui a du mal à prendre, avec beaucoup de sobriété, en évitant les pièges des multiples rebondissements qui souvent nous font perdre le fil de l'histoire. C'est ce qui explique la relative lenteur de cette histoire qui se construit par touches successives.

D'ailleurs, certains critiques n'ont pas hésité à comparer ses talents de narratrices à ceux de Maupassant.

Ce dont je suis sûr, c'est que Leïla Slimani n'a sans doute pas fini de nous surprendre.

Etienne Remaud,