Il faut prêter attention aux analyses d'Amin Maalouf, ses intuitions se révèlent des prédictions tant il semble avoir la préscience des grands évènements avant qu'ils n'affleurent à la conscience universelle. Amin Maalouf est convaincu que nous arrivons au seuil d'un naufrage global qui affecte toutes les aires de civilisation…
Amin Maalouf est un écrivain journaliste franco libanais de 70 ans, né à Beyrouth, Prix Goncourt en 1993 avec " Le Rocher de Tanios", Membre de l'Académie Française en 2011, et, récompensé pour son essai " Le naufrage des civilisations " par le Prix Aujourd'hui doté par F. Pinault.
Depuis plus d'un demi siècle, il parcourt le monde, de Saïgon pour la chute du Vietnam, à Téhéran pour la naissance de l'Etat Islamique.
Pétri de culture arabe, culture qu'il porte dans "ses tripes", il jette une regard ( d'un non européen ) sur les trois plaies du monde moderne, l'ultra libéralisme, les turbulences identitaires et l'islamisme radical.
" C'est à partir de ma terre natale que les ténèbres ont commencé à se répandre sur le Monde ". " Aujourd'hui, il ne fait plus de doute que les convulsions qui secouent la planète sont directement liées à celles qui ont agité le monde arabe il y a quelques décennies ".
Les flammes qui ont embrasé le centre du Caire en 1952 et celles qui ont détruit les tours jumelles de New York un demi siècle plus tard relèvent d'un même incendie.
Et pour Amin Maalouf, un autre phénomène historique s'est produit en 1979 ave la révolution islamique de l'Ayatollah Khomeini et la révolution conservatrice de Margaret Tatcher, dénonçant au passage les vertus de " la main invisible de Adam Smith.
Il pointe du doigt l'arrogance des Européens qui n'ont pas su, pas voulu ou pas pu donner leurs chances aux pays du Moyen Orient, empêtrés dans leurs divergences et aveuglés par les relents du colonialisme, ils ont maintenu ces pays dans un état de dépendance qui aboutit maintenant à la revanche de l'islamisme radical.
Grand admirateur de Georges Orwel avec 1884 mais qui dans se prédictions n'avait pas prévu la chute du Mur de Berlin et l'écroulement de l'Empire soviétique, Amin Maalouf regrette que l'Europe n'ait pas su ni pu occuper la place laissée libre par l'effacement de l'URSS sur l'échiquier mondial.
En grand observateur, témoin attentif de la géopolitique, Amin Maalouf est persuadé qu'il existe un lien de cause à effet entre le naufrage de son Levant natal et celui des autres civilisations. IL termine son essai par cette phrase lourde de sens " Comment persuader nos contemporains qu'en demeurant prisonniers de conceptions tribales, de l'identité, de la nation, ou de la religion, ils préparent à nos enfants un avenir apocalyptique".
Vision réelle ou pessimiste, "Le naufrage des civilisations " est un apport incontestable à la compréhension de notre monde contemporain.
Etienne Remaud,