Cette recommandation que Richelieu, Cardinal de Retz a fait à Mazarin, " On ne sort de l'ambigüité qu'à son détriment", E. Macron l'a fait sienne, comme beaucoup d'hommes politiques avant de se lancer dans une grande réforme.
E Macron a fait de la réforme du Code du Travail un enjeu symbolique du développement économique et de sa manière de gouverner. Cet enjeu est d'autant plus important que dans la foulée, il compte engager ensuite la réforme des retraites et du financement de la protection sociale; C'est à dire, compléter la Loi Travail El Khomri, que certains syndicats voudraient voir abroger, et aller vite , très vite en légiférant par ordonnances.
E Macron et son Gouvernement sont persuadés que les contraintes juridiques du Code du Travail paralysent l'esprit d'entreprendre et ainsi plombent l'économie. Or, on ne peut pas rendre le Code du Travail seul responsable du chômage endémique et de notre croissance en berne. Mais," ll faut bien commencer par un bout" disait ma grand mère qui si elle n'était pas experte en économie, l'était en logique.
Dans ses promesses de campagne E Macron avait déterminé 4 points principaux:
- offrir la possibilité de créer une instance unique de représentation du personnel
- plafonner les indemnités prudhommales
- conforter le référendum d'entreprises
- redéfinir les possibilités d'accords d'entreprises
On est loin, très loin de la réforme en profondeur proposée en 2016 par R. Badinter qui annonçait le Code du Travail du XXI ème siècle en 61 propositions en droit courant, le faisant passer de 3492 pages et 10600 articles à moins de 500 pages ...J'avoue avoir été emballé par ce projet, maintenant tombé dans les oubliettes.
Et pourtant, les syndicats reçus en concertation, pas en négociation donnant/donnant, mardi 23 Mai, n'ont semble t il qu'une volonté : négocier et gagner du temps, sauf le Médef sur "un petit nuage" selon Gattaz qui souhaite que les promesses s'appliquent intégralement et vite.
Ils n'ont d'ailleurs pas entendu la même chose, il est vrai qu'ils ont été reçus séparément et que leurs stratégies divergent. L'Elysée a d'ailleurs été obligé de préciser que la concertation ne portait pas sur le calendrier, sic.
Muriel Pénicaut, la nouvelle Ministre du Travail experte en négociation devra surtout s'efforcer d'écouter et de convaincre, car, elle n'a pas beaucoup de marges de manœuvre entre un Martinez CGT qui veut faire abroger la Loi Travail et les autres syndicats, en désaccords, mais qui veulent négocier et gagner du temps, la voie est étroite.
L'ombre du conseil de Richelieu à son Ministre flotte sur cette Réforme, et tout recul sur les promesses, tout flou sur les intentions affaiblira l'exécutif et réduira les perspectives des réformes suivantes, d'autant plus, que pour agir par ordonnance ( ce qui n'est pas le 49/3) le Gouvernement devra avoir fin Juin la majorité absolue à l'Assemblée.
Et si pour une fois, les évènements faisaient mentir le vieil adage qui dit " qu'en France les réformes sont impossibles" .
Etienne Remaud