Waterloo Victoire ou defaite : suite et fin

Cette bataille, qui est une défaite, est restée dans l'imaginaire comme une quasi victoire grâce notamment aux écrivains qui s'emparèrent de ce fait d'armes, l'enjolivèrent, le romancèrent et même en rajoutèrent...

Citons notamment :Victor Hugo qui sans aller à Waterloo en a parlé abondamment.Dans les Châtiments où il écrivit ces vers célèbres Waterloo !Waterloo ! Waterloo ! morne plaine...puis dans les Misérables où il décrivit les combats héroïques dans le chemin creux, le ravin, où s'entassaient chevaux et cavaliers...

Puis ce fut Erckmann Chatrian dans Histoire d'un conscrit et bien d'autres encore, Chateaubriand dans ses Mémoires d'Outre Tombe, Honoré de Balzac dans Médecin de Campagne, Stendhal dans la Chartreuse de Parme qui glorifièrent les héros, pourtant battus, et contribuèrent ainsi à créer la légende de Waterloo.

Plus de 600 livres sont consacrés à cette mémorable bataille, et 135 monuments commémoratifs presque tous en l'honneur des Français ont été érigés.

Napoléon lui même à Sainte Hélène consacra beaucoup de temps à arranger l'histoire

De multiples anecdotes vraies ou enjolivées popularisèrent cette épopée sanglante.

- Nous connaissons tous la célèbre répartie attribuée à Cambronne aux Anglais (les ennemis héréditaires) Brave Français, rendez vous ! La garde meurt mais ne se rend pas ! Merde...aurait-il répondu.C'est ce que l'histoire a retenu, que Victor Hugo a popularisé dans les Misérables. Cambronne a déclaré sur la fin de sa vie qu'il n'avait jamais prononcé cette phrase. Dommage pour notre honneur national.

- De même, l'histoire de Decoster, paysan enrôlé par Napoléon pour servir de guide et qui ayant peur des coups de feu se cachait partout où il pouvait, Napoléon l'aurait fait attacher sur son cheval pour qu'il puisse remplir sa mission.

- Seul deux Drapeaux Français auraient été perdus au cours de cette bataille, l'aigle qui surmontait l'un d'entre eux est toujours conservé comme un trophée dans le Château d'Edimbourg.

- Napoléon et Wellington qui ne se sont jamais rencontrés, sauf par longue vue interposée sur le champ de bataille se seraient partagés 2 mêmes maitresses , Napoléon d'abord, Wellington ensuite... l'honneur est sauf, Mademoiselle Grassini qui fit succomber Napoléon par son interprétation de La Marseillaise à la Scala de Milan et une actrice française,Mademoiselle Georges. Wellington nommé Ambassadeur à Paris après Waterloo, savoura doublement sa victoire.

- Et bien d'autres encore.

La télévision et les médias nous ont montré des images de la reconstitution historique du bicentenaire de cette bataille, mais cette fois, organisée par les vainqueurs.5000 acteurs, dont des français, des centaines de chevaux et de canons, tout ce beau monde en habit d'époque. Mais officiellement la France n'était représentée que par un Ambassadeur, car la guéguerre n'est pas tout à fait terminée...

Le Gouvernement Belge à cette occasion a investi 40 millions d'euros pour la protection du site, construit un mémorial de 1815 m2 ( clin d'œil à l'histoire) et avait envisage la frappe d'une pièce de 2 euros en l'honneur des vainqueurs, qui aurait eu cours dans toute la zône euro, véto de la France. La Belgique dut se résoudre à créer une pièce commémorative de 2,5 euros de valeur faciale, qui n'a cours qu'en Belgique, collectionneurs surtout, comme le permet le règlement européen .

La presse britannique a jubilé à ce nouvel épisode en titrant Waterloo, la bataille n'est pas finie.

Un site touristique est né, 500 000 visiteurs sont attendus cette année, et l'on continuera à vendre le clou sur lequel Wellington avait suspendu son chapeau, sitôt vendu, sitôt remplacé, et si c'étaient les Belges les grands vainqueurs de Waterloo.

Etienne Remaud